#13 Stärne – 3ème rang

La volumétrie proposée matérialise la dialectique recherchée par le projet entre vie publique et intimité des espaces privatifs. Les façades sur rue affirment 
le caractère public de la ville, s’inscrivant en stricte continuité avec les fronts bâtis adjacents qu’elles soulignent par leur sobre planéité et par leur caractère massif. A l’opposé, les façades sur cour jouent sur la liberté formelle et les rapports de proche voisinage, induites par l’ondulation des façades et les brisures irrégulières des larges coursives qui scandent la coupe tous les deux niveaux. L’aménagement des locaux commerciaux occupant le rez-de-chaussée ainsi que les typologies des logements, toutes traversantes, filtrent un lien omniprésent entre la vie publique urbaine et la sociabilité collective à l’échelle de l’immeuble ou de l’étage. Inversement, la privacité des chambres est habilement préservée par leur positionnement à l’écart des lieux de rencontre ou d’activités communes.

Le corps principal de l’immeuble, constituant le front sur le Rhône, héberge les appartements de diverses tailles, pour l’essentiel conçu en duplex comme des maisonnettes superposées et distribuées par de généreuses coursives, sorte de larges trottoirs aux étages. Sa structure statique répétitive est rationnelle et crée d’intéressantes spatialités traversantes en baïonnette dans laquelle s’insèrent les logements, dont les parties jour sont disposées en quinconce. Ainsi, les cuisines habitables sont largement ouvertes au sud sur les coursives alors que les séjours, décalés en plan ou reportés à l’étage, sont plus au calme et orientés sur le Rhône.

On regrette toutefois que le parti du duplex ne parvienne pas à offrir une réelle spatialité verticale à ces logements. D’autre part, le jury déplore que la localisation des chambres de certains logements, notamment les 4 pièces flat, pénalisent l’habitabilité des séjours et empêchent toute relative indépendance de la partie nuit.

Les grands appartements, clusters et colocations de la Ciguë, occupent l’articulation d’angle, dont elles tentent d’exploiter la situation particulière et les multiples orientations, sans toujours parvenir à ce stade à une solution convaincante. Si les 13 pièces de logements étudiants offrent des espaces communs variés, avec des perspectives intéressantes en plan comme en coupe, les chambres ne bénéficient pas toujours
d’une situation de calme idéal. La qualité des parties jour de l’appartement cluster est malheureusement nettement en retrait, avec des échappées visuelles et un éclairage direct trop restreints. La proportion des deux chambres-studio donnant sur la Rue des Falaises en pénalise l’habitabilité et impose une forte imbrication jour-nuit regrettable.

La générosité et la configuration des coursives apportent certes un grand potentiel d’appropriation et de vie collective à l’ensemble de l’opération, avec notamment des vues croisées entre de nombreux espaces communs. Elles participent fortement
à l’identité et aux pratiques recherchées par les maîtres d’ouvrage. Toutefois, leur configuration, avec d’importantes avancées en visière au-dessus des fenêtres, pénalise fortement la qualité d’éclairage
et de dégagement des chambres (porte-à-faux
de 2 à 5m) et, tout particulièrement, des pièces
et appartements situés dans l’angle de l’immeuble (porte-à-faux de 6 à 7 m), dont l’orientation sud ne peut guère être exploitée.

L’accès principal à la cour depuis la Rue des Falaises offre une perspective intéressante sur celle-ci et sur l’étagement des vastes coursives aux étages, ce
qui souligne immédiatement le caractère collectif de cet ensemble résidentiel. La répartition des espaces collectifs entre le rez, le 5e et l’attique offre une grande variété de lieux appropriables par tous, en valorisant les emplacements les plus stratégiques, comme le plain-pied ou les terrasses ensoleillées et bénéficiant d’une magnifique vue. Judicieusement conçus et à vocations complémentaires, ils ménagent la tranquillité des logements tout en permettant des usages festifs ou plus bruyants. Bien qu’encore adaptable, la cour souffre du fractionnement et d’un excès d’occupation par les couverts à vélo et le pavillon à usage commun.

Par sa simplicité structurelle et conceptuelle, le projet offre une réelle adaptabilité pour assumer
une maturation dans un processus participatif avec les futurs usagers, sans perdre de sa cohérence. Les pièces «volantes», la répartition des chambres d’amis, buanderies et autres vérandas, la variété et complémentarité des espaces communs ainsi que le traitement indépendant des grands logements dans l’angle du bâtiment sont autant d’acquis du projet qui permettent d’adapter les parties sans mettre en péril l’ensemble, tant pour la mise au point du projet que durant l’exploitation de l’immeuble.

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